Jules Verne

Robur le Conquerant

by

Jules Verne

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Robur le Conquerant Page 01

Robur-le-Conquérant: Jules Verne

LES VOYAGES EXTRAORDDINAIRES
COURONNÈS PAR L'ACADÈMIE FRANÇAISE

ROBUR-LE-CONQUÉRANT

PAR

JULES VERNE

45 DESSINS PAR BENETT

BIBLIOTHÈQUE
D'EDUCATION ET DE RÈCREATION
J. HETZEL ET Cie, 18 RUE JACOB
PARIS

1886

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TABLE DE MATIÉRES

I. OÙ LE MONDE SAVANT ET LE MONDE IGNORANT SONT AUSSI EMBARRASSÉS L'UN OU L'AUTRE.

II. DANS LEQUEL LES MEMBRES DU WELDON-INSTITUTE SE DISPUTENT SANS PARVENIR À SE METTRE D'ACCORD.

III. DANS LEQUEL UN NOUVEAU PERSONNAGE N'A PAS BESOIN D'ÊTRE PRESENTÉ, CAR IL SE PRESENTE LUI-MÊME.

IV. DANS LEQUEL, À PROPOS DU VALET FRYCOLLIN, L'AUTEUR ESSAIE DE RÉHABILITER LA LUNE.

V. DANS LEQUEL UNE SUSPENSION D'HOSTILITÉS EST CONSENTIE ENTRE LE PRÉSIDENT ET LE SECRÉTAIRE DU WELDON-INSTITUTE.

VI. LES INGÉNIEURS, LES MÉCANICIENS ET AUTRES SAVANTS FERAIENT PEUT-ÊTRE BIEN DE PASSER.

VII. DANS LEQUEL UNCLE PRUDENT ET PHIL EVANS REFUSENT ENCORE DE SE LAISSER CONVAINCRE.

VIII. OU L'ON VERRA QUE ROBUR SE DÉCIDE À RÉPONDRE A L'IMPORTANTE QUESTION QUI LUI EST POSÉE.

IX. DANS LEQUEL L'« ALBATROS » FRANCHIT PRÈS DE DIX MILLE KILOMÈTRES, QUI SE TERMINENT PAR UN BOND PRODIGIEUX.

X. DANS LEQUEL ON VERRA COMMENT ET POURQUOI LE VALET FRYCOLLIN FUT MIS À LA REMORQUE.

XI. DANS LEQUEL LA COLÈRE DE UNCLE PRUDENT CROÎT COMME LE CARRÉ DE LA VITESSE.

XII. DANS LEQUEL L'INGÉNIEUR ROBUR AGIT COMME S'IL VOULAIT CONCOURIR POUR UN DES PRIX MONTHYON.

XIII. DANS LEQUEL UNCLE PRUDENT ET PHIL EVANS TRAVERSENT TOUT UN OCÉAN, SANS AVOIR LE MAL DE MER.

XIV. DANS LEQUEL L'« ALBATROS » FAIT CE QU'ON NE POURRA PEUT-ÊTRE JAMAIS FAIRE.

XV. DANS LEQUEL IL SE PASSE DES CHOSES QUI MÉRITENT VRAIMENT LA PEINE D'ÊTRE RACONTÉES.

XVI. QUI LAISSERA LE LECTEUR DANS UNE INDÉCISION PEUT-ÊTRE REGRETTABLE.

XVII. DANS LEQUEL ON REVIENT À DEUX MOIS EN ARRIÈRE ET OÙ L'ON SAUTE À NEUF MOIS EN AVANT.

XVIII. QUI TERMINE CETTE VÉRIDIQUE HISTOIRE DE L'« ALBATROS » SANS LA TERMINER.

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ROBUR-LE-CONQUÉRANT

I

Où le monde savant et le monde ignorant sont aussi embarrassés l'un ou l'autre.

« Pan !... Pan !... »

Les deux coups de pistolet partirent presque en même temps. Une vache, qui paissait à cinquante pas de là, reçut une des balles dans l'échine. Elle n'était pour rien dans l'affaire, cependant.

Ni l'un ni l'autre des deux adversaires n'avait été touché.

Quels étaient ces deux gentlemen? On ne sait, et, cependant, c'eût été là, sans doute, l'occasion de faire parvenir leurs noms à la postérité. Tout ce qu'on peut dire, c'est que le plus âgé était Anglais, le plus jeune Américain. Quant à indiquer en quel endroit l'inoffensif ruminant venait de paître sa dernière touffe d'herbe, rien de plus facile. C'était sur la rive droite du Niagara, non loin de ce pont suspendu qui réunit la rive américaine à la rive canadienne, trois milles au-dessous des chutes.

L'Anglais s'avança alors vers l'Américain :

« Je n en soutiens pas moins que c'était le Rule Britannia! dit-il.

- Non! le Yankee Doodle! » répliqua l'autre.

La querelle allait recommencer, lorsque l'un des témoins - sans doute dans l'intérêt du bétail - s'interposa, disant :

« Mettons que c'était le Rule Doodle et le Yankee Britannia, et allons déjeuner! »

Ce compromis entre les deux chants nationaux de l'Amérique et de la Grande-Bretagne fut adopté à la satisfaction générale.